Les feuilles de laurier sous l’oreiller : remède ancien ou doux rituel à adopter ?
Chères lectrices, chers lecteurs,
Vous êtes nombreux, à un moment ou un autre, à m’avoir confié ce trouble discret mais bien réel : les nuits agitées, les réveils sans repos, et ce sommeil qui, parfois, peine à se poser sur nos paupières comme il le faisait jadis. Quelle étrangeté, n’est-ce pas, que ce compagnon de toute une vie devienne capricieux avec les années ?
Et si, pour renouer avec un sommeil paisible, il suffisait de déposer quelques feuilles sous son oreiller, à la manière des anciens ? Le laurier, oui, celui-là même que l’on glisse dans nos plats mijotés, a plus d’un tour dans sa feuille.
Le laurier : de l’assiette à l’oreiller
Le laurier noble, ou Laurus nobilis de son nom latin, trône depuis des siècles dans les cuisines méditerranéennes. Sa feuille, coriace et parfumée, parfume bouillons, ragouts et soupes. Mais avant de séduire nos papilles, le laurier était surtout une plante sacrée. Dans la Grèce antique, il était symbole de sagesse et de protection. Quant à nos aïeux, ils n’hésitaient pas à l’utiliser en fumigation pour apaiser les tensions ou en sachets sous l’oreiller pour favoriser les songes paisibles.
En phytothérapie, on lui attribue des propriétés calmantes, antispasmodiques et même légèrement sédatives. C’est cette qualité particulière qui nous intéresse ici : sa capacité à favoriser un endormissement naturel en calmant le mental.
Pourquoi mettre des feuilles de laurier sous l’oreiller ?
L’idée peut faire sourire. Glisser une feuille de laurier sous sa taie d’oreiller revient à renouer avec un geste d’un autre temps, presque rituel. Et pourtant, ce geste simple peut receler bien des bienfaits.
Bien sûr, le laurier ne possède pas les vertus miraculeuses des somnifères. Il n’agira pas comme une baguette magique qui plongerait le dormeur dans les bras de Morphée à l’instant même où sa tête touche l’oreiller. Mais par sa seule présence, par son parfum discret et résineux, il invite à la détente. Il rappelle les soirs d’hiver auprès du pot-au-feu, les souvenirs de cuisine familiale, la chaleur des traditions oubliées.
Et entre nous, est-ce si étrange que l’odeur d’une feuille puisse apaiser l’esprit ? Le simple parfum d’une rose ou celui d’une tisane à la verveine nous fait déjà voyager, alors pourquoi pas celui du laurier ?
Combien de feuilles de laurier faut-il glisser sous l’oreiller ?
Une question subtile, à laquelle je répondrai comme tout bon professeur face à une dissertation : « cela dépend… »
En général, on recommande de glisser entre 3 à 6 feuilles sèches de laurier sous l’oreiller. Trois, pour les plus sensibles aux parfums (les feuilles dégagent une senteur persistante). Six, pour celles et ceux qui recherchent un effet plus enveloppant. Il est important que les feuilles soient parfaitement sèches, afin d’éviter toute moisissure ou tache d’humidité sur le linge de lit.
Disposez-les simplement dans une petite pochette en tissu fin (lin ou coton, si possible naturel), que vous glisserez dans votre taie d’oreiller ou entre les draps près de la tête. Certains préfèrent les glisser librement entre l’oreiller et la taie, mais il est préférable d’éviter le contact direct afin de préserver la feuille intacte.
Quand renouveler ses feuilles de laurier ?
Le parfum de laurier, comme celui des souvenirs, a tendance à s’estomper doucement. Il est conseillé de changer les feuilles toutes les deux à trois semaines, ou dès que vous ne percevez plus leur arôme. Rien n’empêche d’en faire un petit rituel : chaque début de mois, préparez votre pochette odorante, comme on tournerait une page de calendrier.
Et si vous aimez l’idée d’associer les plantes, vous pouvez y mêler quelques pétales de lavande, une poignée de camomille sèche, ou même quelques grains de riz (excellent pour absorber l’humidité). Donnez libre cours à votre créativité botanique, à la manière d’une recette de grand-mère remise au goût du jour.
Une mini-sieste au jardin des bienfaits : anecdote et retour d’expérience
J’aime à croire que chaque tranche de vie se glisse dans le tissu de notre quotidien comme un fil léger. Permettez-moi une petite anecdote. Il y a quelques mois, une amie chère, Thérèse — retraitée énergique et jardinière passionnée — m’a confié s’être « réconciliée avec ses nuits » après avoir redécouvert le laurier de son jardin. Chaque soir, dans sa chambre délicatement parfumée, elle glisse trois feuilles dans une pochette que son petit-fils lui a cousue.
« C’est peut-être dans la tête, ma Maglone », m’a-t-elle soufflé en riant. Peut-être. Mais n’est-ce pas là que tout commence ? Un esprit apaisé glisse plus volontiers vers les contrées du rêve. Thérèse me dit que depuis qu’elle a adopté ce rituel, elle s’endort plus vite et se réveille moins souvent. Et elle a cessé ses infusions du soir, trop diurétiques à son goût.
Autres vertus du laurier : une plante aux multiples talents
En plus d’honorer nos casseroles et nos taies d’oreiller, sachez que le laurier regorge de vertus intéressantes pour les seniors :
- En infusion : il aide à soulager les ballonnements et à faciliter la digestion après les repas copieux.
- En inhalation : quelques feuilles dans un bol d’eau chaude peuvent dégager les voies respiratoires. Idéal en période hivernale.
- En bain relaxant : un sachet de feuilles séchées plongé dans l’eau chaude de votre bain délasse et détend les muscles.
De quoi voir cette modeste feuille comme un précieux compagnon du quotidien. Une plante qui, sans prétention, nous relie à la nature et à une sagesse parfois oubliée.
Petits conseils pour améliorer le sommeil naturellement
Le laurier peut devenir un agréable rituel du soir, mais n’oublions pas de l’accompagner de gestes simples qui prédisposent le corps et l’esprit au repos.
- Éteignez les écrans au moins une heure avant le coucher : la lumière bleue maintient le cerveau en alerte.
- Pratiquez la respiration consciente ou la cohérence cardiaque en vous allongeant : inspirez 5 secondes, expirez 5 secondes, pendant 5 minutes.
- Gardez une température fraîche dans la chambre (entre 16 et 18°C).
- Lisez quelques pages d’un livre doux à l’âme : une histoire apaisante vaut parfois mieux qu’un cachet.
Et puis, il y a ce plaisir simple de se glisser dans des draps frais, de poser sa tête sur l’oreiller, et de sentir, léger, le parfum de laurier flotter comme une promesse de nuit sereine.
Une tradition à (re)découvrir
Ce que j’aime particulièrement dans cette pratique, c’est son humilité. Elle ne promet pas monts et merveilles — elle invite seulement à une forme d’attention. À renouer avec soi-même, à s’accorder cette respiration, ce moment suspendu où la nuit vient, doucement, poser son voile.
Alors, chers amis du blog Séniorité, la prochaine fois que vos paupières peinent à se fermer, pourquoi ne pas essayer ce petit geste aimé du passé ? Glissez sous votre oreiller trois feuilles de laurier, respirez, et laissez le monde pour demain.
Et si jamais vous testez ce rituel, venez me dire ce que la nuit vous a soufflé à l’oreille…