Changer de logement à Marseille, à l’heure de la retraite, n’a rien d’une fantaisie. C’est souvent une façon très raisonnable d’ajuster son cadre de vie à ses nouvelles envies… et à ses genoux. Moins d’escaliers, davantage de lumière, des commerces à deux pas, ou, pourquoi pas, la mer à portée de promenade : le déménagement peut devenir un joli tournant plutôt qu’une corvée monumentale.
Encore faut-il l’anticiper. Déménager à 65 ou 75 ans ne se prépare pas comme à 30 ans, quand on portait ses cartons entre deux pizzas. À Marseille, entre la chaleur, les rues en pente et les immeubles parfois anciens, quelques précautions supplémentaires sont bienvenues. Prenons le temps de passer en revue ce qui peut transformer ce moment en transition apaisée plutôt qu’en épreuve.
Choisir le bon quartier à Marseille : l’âge change le regard
À 20 ans, on cherche l’animation. À 70, on préfère souvent la tranquillité… mais pas l’isolement. Marseille a mille visages, et tous ne conviennent pas à tous les tempéraments, ni à toutes les articulations. Avant de signer un bail ou un compromis, il est utile de se poser quelques questions très concrètes.
Quelques critères à regarder de près :
- Accessibilité : y a-t-il un arrêt de bus ou de métro à moins de 300–400 mètres ? Les trottoirs sont-ils praticables, relativement plats, sans marches cassées tous les trois mètres ?
- Commerces de proximité : boulangerie, pharmacie, médecin, petit supermarché… Sont-ils accessibles à pied ? Une vie de quartier vivante compense bien des solitudes.
- Bruit et vie nocturne : certains quartiers très charmants le jour deviennent bruyants la nuit. N’hésitez pas à aller sur place à différentes heures avant de vous décider.
- Services médicaux : y a-t-il un cabinet médical, un laboratoire d’analyses, un kinésithérapeute dans le secteur ? À nos âges, ce n’est pas un luxe, c’est une sagesse.
- Sécurité et ambiance : se sent-on à l’aise en rentrant l’après-midi, en sortant faire quelques courses ? Le ressenti compte autant que les statistiques.
Certains seniors optent pour des quartiers centraux (Le Prado, Castellane, Perier) pour être proches de tout. D’autres préfèrent les secteurs plus résidentiels comme Bonneveine ou Saint-Barnabé, où la vie est plus calme, tout en restant bien desservis. Et puis, il y a les amoureux de la mer, attirés par Le Rouet, la Pointe Rouge ou L’Estaque, où l’horizon apaise les journées.
Posez-vous aussi cette petite question : « Si je ne peux plus conduire dans quelques années, ce quartier restera-t-il pratique pour moi ? » Cette anticipation évite parfois un nouveau déménagement dans cinq ans.
Visiter le futur logement avec ses yeux… et avec ses genoux
Une fois le quartier repéré, vient le choix du logement lui-même. C’est souvent là que les habitudes prennent le dessus : on se focalise sur la surface, le prix, la vue. Tous éléments importants, certes, mais à notre âge, certains détails architecturaux prennent une importance insoupçonnée.
Lors de la visite, pensez à vérifier :
- L’ascenseur : est-il suffisamment grand (fauteuil roulant ou déambulateur, au cas où) ? Y a-t-il des marches avant d’y accéder ? En copropriété, renseignez-vous aussi sur son âge et son entretien.
- Les escaliers : si l’ascenseur tombe en panne, pourrez-vous monter un ou deux étages sans vous épuiser ? La rampe est-elle solide ?
- La salle de bains : baignoire profonde et glissante ou douche à l’italienne ? L’espace permet-il d’installer un siège de douche ou une barre d’appui plus tard ?
- Les marches intérieures : les petits niveaux (deux marches entre salon et balcon, par exemple) sont souvent sous-estimés et deviennent piégeux à long terme.
- La luminosité : bien voir, c’est aussi éviter les chutes. Un logement clair, avec des points lumineux bien répartis, est un allié quotidien.
- Le balcon ou la terrasse : ravissant, oui, mais sécurisé ? Barrières suffisamment hautes, sol non glissant, possibilité d’installer une chaise stable.
Une lectrice me confiait récemment avoir choisi son appartement marseillais en partie pour la largeur de son couloir : « Comme ça, si un jour j’ai besoin d’une canne ou d’un déambulateur, je ne serai pas prisonnière chez moi. » Une sagesse discrète, mais précieuse.
Alléger ses affaires avant de déménager : un tri qui fait du bien
Le déménagement est une admirable occasion de tri. Non pas un grand coup de balai brutal, mais un dépoussiérage doux, respectueux de ce que nous avons accumulé, vécu, aimé.
Pour ne pas se laisser submerger :
- Commencer tôt : six mois avant le déménagement, on peut déjà trier une armoire par semaine. À ce rythme, on avance sans se fatiguer.
- Procéder par petites zones : aujourd’hui, seulement le tiroir de la commode. Demain, une étagère. Ainsi, l’effort reste raisonnable.
- Prévoir quatre catégories : « Je garde », « Je donne », « Je vends », « Je jette ». Les cartons ainsi étiquetés permettent de ne pas reposer vingt fois la même assiette dans la même boîte.
- S’autoriser à se séparer : garder dix services de table « au cas où » n’est plus forcément utile. Une belle vaisselle pour les grandes occasions, quelques assiettes solides pour le quotidien, et le reste fera le bonheur d’associations ou de brocantes.
- Impliquer les proches : les enfants ou petits-enfants seront parfois ravis de récupérer un meuble, une bibliothèque, un tableau. C’est une façon douce de transmettre, plus paisible que le fameux « un jour, tout cela sera à vous ».
Ce tri n’est pas seulement pratique. Il a aussi quelque chose de symbolique : on choisit ce que l’on emporte dans la suite de sa vie. Ce n’est pas un renoncement, mais une sélection délicate : ce qui compte vraiment, ce qui mérite encore une place, une poussière et un regard.
Se faire aider : déménageurs, entourage et services à la carte
À Marseille, entre les immeubles anciens sans ascenseur, les escaliers étroits et les rues parfois difficiles d’accès, déménager « à la main » n’est plus raisonnable passé un certain âge. Même si l’on se sent encore vaillant, le dos n’a plus 20 ans, et il ne sert à rien de le lui rappeler brutalement.
Quelques pistes pour être bien entouré :
- Comparer plusieurs devis de déménageurs : demandez au moins trois estimations. Précisez bien l’étage, la présence ou non d’un ascenseur, l’accès au camion (rue étroite, stationnement compliqué). À Marseille, certains déménageurs sont habitués aux rues escarpées et aux immeubles anciens : cela compte.
- Regarder les options : emballage des cartons, démontage/remontage des meubles, prise en charge des objets fragiles… Plus vous déléguez, moins vous vous épuisez.
- Vérifier les assurances : l’entreprise est-elle assurée en cas de casse ? Les objets de valeur doivent-ils être déclarés ? N’hésitez pas à poser des questions très concrètes.
- Mobiliser les proches, mais raisonnablement : les enfants peuvent aider à trier, à étiqueter les cartons, à vérifier les démarches administratives. Les laisser porter un piano à queue du 4ᵉ étage, en revanche, n’est pas une bonne idée.
- Faire appel aux services d’aide à domicile : certaines structures proposent une aide ponctuelle pour préparer les cartons, nettoyer l’ancien logement, installer le nouveau. Renseignez-vous auprès du CCAS (Centre communal d’action sociale) de Marseille ou des associations locales.
Accepter d’être aidé n’est pas un aveu de faiblesse, c’est une preuve d’intelligence… et un joli cadeau à soi-même.
Bien organiser les cartons : penser à la première nuit
Le jour du déménagement, il y a toujours ce moment où l’on se retrouve au milieu de dizaines de cartons semblables, avec l’impression que l’on ne retrouvera jamais sa brosse à dents. On peut heureusement limiter ce chaos.
Quelques astuces toutes simples :
- Étiqueter chaque carton : indiquer la pièce de destination (cuisine, chambre, salon…) et quelques mots sur le contenu (assiettes, draps, livres). Les déménageurs déposeront ainsi les bonnes boîtes dans les bonnes pièces.
- Préparer un « carton de survie » : pyjama, trousse de toilette, médicaments, une tenue pour le lendemain, quelques couverts, bouilloire, café ou tisane, papier toilette… Ce carton-là voyagera avec vous, dans votre voiture, et non dans le camion.
- Mettre les documents importants à part : papiers d’identité, ordonnances, résultats d’examens médicaux, contrat de bail ou de vente, coordonnées des proches. Là encore, ce n’est pas pour le camion.
- Protéger généreusement la vaisselle : les journaux, c’est bien, mais le papier-bulle ou les torchons de cuisine sont souvent plus efficaces… et plus propres.
- Ne pas surcharger les cartons : mieux vaut deux cartons de livres légers qu’un seul impossible à soulever sans se faire mal.
On peut aussi demander à ce que le lit soit la première chose montée dans le nouveau logement. Après une journée de cartons, on apprécie infiniment de pouvoir se coucher dans un vrai lit, même si la cuisine ressemble encore à un entrepôt.
Adapter le nouveau logement dès l’installation
Un déménagement est aussi l’occasion de rendre son quotidien plus sûr, plus confortable. Inutile d’attendre la première chute pour sécuriser la salle de bains ou les tapis.
Quelques améliorations simples, à installer dès les premiers jours :
- Dans la salle de bains : mettre un tapis antidérapant dans la douche, installer une barre d’appui près de la douche ou de la baignoire, prévoir un tapis de sol bien fixé.
- Dans les couloirs et le salon : retirer les tapis qui glissent ou qui se recourbent, veiller à un éclairage suffisant (notamment sur le chemin des toilettes la nuit).
- Dans la cuisine : ranger les objets du quotidien à hauteur de main, pour éviter de grimper sur un escabeau. Préférer les placards bas faciles d’accès.
- Au niveau des seuils et des fils électriques : limiter les fils qui traversent les pièces, installer des goulottes ou des multiprises bien positionnées, vérifier les petites différences de niveau entre les pièces.
- Pour l’entrée : prévoir un siège pour poser ses sacs en rentrant, un bon tapis pour essuyer ses pieds, un éclairage automatique si possible.
Dans une ville comme Marseille, où la lumière est généreuse mais où la chaleur peut être accablante, pensez aussi à la protection solaire : volets en bon état, stores, voire climatisation ou ventilateurs performants. Un logement frais l’été est un allié précieux pour la santé.
Ne pas oublier les démarches administratives
La poésie du déménagement s’arrête souvent à la porte des formulaires. Pourtant, mieux vaut s’y atteler calmement, sur une table bien dégagée, armé d’un stylo et d’un carnet.
Les démarches essentielles :
- Changer d’adresse auprès de la Poste : mise en place d’un suivi de courrier pour quelques mois, afin de ne rien perdre.
- Informer les caisses de retraite : pour que vos relevés, attestations et courriers administratifs arrivent au bon endroit.
- Mettre à jour les organismes de santé : Assurance maladie, mutuelle, médecins habituels (et trouver, si besoin, un nouveau médecin traitant à Marseille).
- Prévenir les banques et assurances : maison, complémentaire santé, assurance habitation (à adapter au nouveau logement), voire assurance dépendance si vous en avez une.
- Mettre à jour les contrats d’énergie et d’internet : résiliation de l’ancienne adresse, souscription pour la nouvelle. À Marseille, pensez à vérifier la qualité de la connexion dans votre quartier si vous êtes adepte des appels vidéo avec vos petits-enfants.
Pour ne rien oublier, on peut préparer une simple liste sur papier, à cocher au fur et à mesure. Le plaisir de mettre un petit trait sur chaque ligne est plus efficace qu’il n’y paraît.
Prendre le temps d’apprivoiser son nouveau quartier
Le déménagement ne s’arrête pas une fois les cartons ouverts. Il y a aussi cette période un peu flottante, faite de premiers repères à prendre : le chemin le plus agréable pour aller à la boulangerie, le banc le mieux placé pour lire face à la mer, les visages que l’on croise régulièrement.
Pour que ce nouveau quartier marseillais devienne « chez vous » :
- Explorer à pied, tranquillement : une petite promenade quotidienne pour repérer les commerces, les arrêts de bus, les squares. On découvre souvent des trésors à deux rues de chez soi.
- Repérer les lieux de lien social : maison de quartier, club de seniors, associations culturelles, bibliothèques. Marseille est riche en structures conviviales.
- Saluer ses voisins : un simple bonjour répété chaque jour finit par créer de vraies relations. À l’âge mûr, les solidarités de voisinage sont précieuses.
- Garder des liens avec l’ancien quartier si l’on en ressent le besoin : un café de temps en temps avec d’anciens voisins, un passage hebdomadaire au marché familier. On peut aimer deux lieux à la fois.
Ce temps d’apprivoisement mérite douceur et patience. On ne se sent pas « chez soi » en trois jours. Mais petit à petit, on découvre qu’on a ses nouvelles habitudes, son banc préféré, son épicier qui connaît votre goût pour les tomates bien mûres.
Changer de logement à Marseille, passé la soixantaine, n’est donc pas une aventure déraisonnable. C’est une manière de se donner les moyens de bien vieillir : dans un quartier adapté, dans un intérieur pensé pour soi, entouré de services et de visages familiers. Avec un peu d’anticipation, de tri, d’aide et de bienveillance envers soi-même, ce tournant de vie peut devenir une belle étape, aussi lumineuse que le ciel de la cité phocéenne les bons jours de mistral.
